Période :
juillet
Descriptif :
Fringant doyen des festivals européens, “Jazz à Juan” s'est imposé au fil des décennies comme l'un des lieux légendaires où s'élabore la mémoire du jazz, mais aussi et surtout, où s'affirme son éternel renouvellement. Et ce depuis les premières éditions qui accueillirent le révolutionnaire Charlie Mingus, venu porter sur les fonds baptismaux le free jazz, un “Genius” nommé Ray Charles pour son premier concert européen, Miles Davis, créant l'évènement à chacune de ses apparitions, Ella Fitzgerald improvisant un mémorable duo avec une cigale, John Coltrane et sa désormais mythique interprétation de "Love Supreme" en 1965...
Sans jamais faillir à sa tradition tout à la fois chic, élitiste, populaire, mais aussi éclectique, “Jazz à Juan” aura présenté depuis 1960 tout le jazz, tous les jazz. Tout le jazz, serait-ce à dire, s'il faut en croire certains, plus vraiment le jazz ? Allez savoir! Cecil Taylor avouait : “On ne sait plus vraiment aujourd'hui si le jazz est un adjectif ou bien un nom...”.
Le jazz en fait est un nom qui se décline au fil des tendances et de l'évolution, c'est pourquoi il existe plus que jamais. Swing, bebop ou post-be bop, gospel ou roots, soul, funk ou rock, africain, européen ou américain, contemporain ou “new orleans”, noir ou blanc... On ne sait plus et c'est tant mieux ! Sauf pour les jazzophiles “envinylés”, les jazz fans empoussiérés de certitudes et autres jazzmaniaques férus de boîtes à boîtes étiquetées ?
Jazz, reggae, Afrique, Brésil... Les étiquettes en effet swinguent et le public change. Jeune, plus que jamais, à l'affût, curieux, émouvant. Pour lui, et c'est l'essence même de la popularité d'un genre universel qui ne s'est jamais démentie, le jazz, celui qu'offre depuis cinquante ans la pinède Gould, a trouvé dans ses différentes expressions une nouvelle et éternelle jeunesse, se libérant des carcans dans lesquels certains ont voulu enfermer -contresens total - une musique née d'une profonde aspiration à la liberté et à la diversité.
Depuis sa naissance, le jazz est nouveau, donc pluraliste. Une prodigieuse aventure dont Antibes Juan-les-Pins reste le témoin privilégié.
Juan aujourd'hui ? Si le festival fête en 2010 ses cinquante ans, bien des jazzmen qui s'y illustrent ne les ont pas encore : Jamie Cullum, Joshua Redman, Diana Krall, Avishaï Cohen, KyleEastwood, ManuKatché Melody Gardot...
Cette année encore, avec un “Master of Ceremony” qui n'est autre que le jeune et prestigieux Marcus Miller, “Jazz à Juan” réserve bien des surprises, et des meilleures, n'en doutons pas. L'album de famille n'a pasfini de s'étoffer. Si, pour reprendre lemot de Jean Cocteau, la lumière du jazz fut longue à nous parvenir, elle brille durablement sous les étoiles et les sunlights de la pinède Gould. Depuis 50 ans, pour longtemps encore ! Et la sempiternelle question “Après la fin du jazz, quoi ?” a trouvé sa
réponse : “Du jazz quoi !”.
Article ajouté par